CONFIDENCES – MA VIE AUPRÈS D’ANDRÉ MOREAU –

Nous étions en 1997, et j’habitais dans le même édifice qu’André et la « Déesse » un trois et demi bien aménagé sur un étage plus haut que le leur. J’y vivais seule depuis 3 ans avec mes livres et mes plantes et mon existence ne ressemblait à rien de ce que j’avais vécu précédemment. Aux côtés de mon philosophe que je voyais tous les jours, j’avais appris à devenir une femme plus consciente et plus réfléchie – moins girouette ! –, à me rappeler de mes rêves pour mieux cerner ma réalité et même parfois la prévoir, j’avais acquis des connaissances littéraires et philosophiques, bénéficié de la présence intime de quelques amants avec l’appui chaleureux d’André, et j’étais désormais heureuse de cette nouvelle vie que je m’étais donnée à explorer en dépit des difficultés que soulevait encore en moi certaines émotions non intégrées.

Or, après ces trois années d’apprentissage et d’expérimentation du Jovialisme, incluant de la lecture constante, l’étude de mes rêves, un rappel à moi-même permanent pour pouvoir rester centrée, je ressentis le besoin de prendre une pause. Il me fallait digérer ce que j’avais assimilé jusque-là. Je me mis à rêver d’une grande aventure me permettant une évasion temporaire grâce à laquelle tous mes sens seraient en éveil, une sorte de vacances de l’esprit. Je me visualisais sur la Côte d’Azur au bras d’un prince charmant, marchant pieds nus sur le bord de la mer. Je me figurais être l’héroïne d’un conte de fées ! Je rêvais de tout cela couchée dans mon lit, je me visualisais sous le grand soleil du Midi, et voilà que j’ai été servie à souhait ! (Mon roman La Fuite en bleu relate cet épisode de ma vie où je quittais André pour me jeter à corps perdu dans cette aventure exotique.)

Ainsi… après avoir ‘’abandonné’’ mon philosophe pour aller retrouver sur ladite Côte d’Azur ce prince charmant dont j’étais devenue éperdument amoureuse, je revenais vers lui à Montréal deux mois plus tard déçue, dépitée, en morceaux ! Eh oui, moi pourtant si aguerrie en amour, je venais de me faire rattraper par le piège de l’amour avec un grand A qui mène souvent à un grand Bas ! Il me fallait dès lors des compensations pour retrouver ma joie perdue. Je m’étais laissée décentrer, je souffrais, j’avais perdu mes repères, je devais me reprendre en main sous peine si je laissais aller les choses de tomber en dépression. Donc, quoi de mieux que des nouveaux amants –  j’en ai parlé précédemment – , mais également d’un chiot adorable pour me sortir de ma détresse !

Pénélope Bonnaud, auteur aux éditions First-Grund de Ces animaux qui nous parlent explique que certains chiens sont porteurs de mission et qu’ils choisissent l’humain auprès de qui ils vont vivre pour l’aider à traverser des moments difficiles.  Caprice fut ma sauvegarde, ma cocotte chérie, ma petite fille adorée, mon ange poilu, une présence divine dont la beauté illumina chacune de mes journées durant douze ans et demie.

Après avoir visité quelques animaleries, j’avais aperçu dans une cage bien entretenue cette petite boule de poils qui m’observait attentivement de ses yeux noirs. Toute blanche, avec un ruban de satin rouge sur la tête qui encerclait une mèche de poils pour en faire un petit parapluie, elle était si mignonne que je fus conquise sur-le-champ. Elle n’avait pas encore quatre mois et pesait à peine deux kilos. Elle était belle à croquer ! Mais aussi d’un prix drôlement au-dessus de mes moyens ! Peu importe, il me la fallait ! Je versai un dépôt pour qu’on me la garde et vint la rechercher trop jours plus tard – ce qui me parut une éternité ! Ce fut-là le début d’une autre grande aventure, une période très heureuse de ma vie, puisque j’avais désormais à mes côtés une petite compagne absolument magnifique pour me suivre partout, pour dormir dans mon lit, pour me faire constamment des câlins et même pour m’écouter attentivement quand je lui parlais.

Certaines personnes auprès de moi qui n’avaient pas d’animaux domestiques ou qui en avaient mais sans avoir été capables de développer avec eux une relation aussi riche et profonde que celle que j’entretenais avec ma cocotte me croyaient esclave de mon chien tant sa compagnie captivait tout mon intérêt, au point de refuser des sorties entre amis pour rester auprès d’elle. Mais… c’est qu’un chien n’est pas qu’un chien ! Et il en est de même pour tout animal qu’on a investi de notre amour, de notre intelligence et de notre compréhension. Il devient alors une figure de notre être intime.

Ma belle Caprice est décédée dans mes bras le 4 juin 2010. André et moi revenions de chez le vétérinaire qui l’avait examinée pour un souffle au cœur. Sur le chemin du retour, je me souviens qu’à un certain moment elle a regardé André tendrement, comme pour lui dire adieu, puis tout de suite elle m’a regardée à mon tour avec le même regard chargé d’infini. Quelques minutes plus tard, elle s’endormait d’un sommeil éternel.

En dépit de la compréhension de ‘’ la vie après la vie ‘’ qu’André et moi possédions déjà en ce qui concerne les animaux investis d’être, nous n’en fûmes pas moins extrêmement troublés par la perte de notre petit morceau de Dieu, comme nous l’appelions. Nous l’avons pleurée abondamment, avons béni sa nouvelle existence, l’avons remerciée pour le don de sa vie entière qu’elle nous avait offerte avec tant d’amour.

Notre cher petit ange est souvent venu nous visiter en rêve par la suite. Neufs mois après son décès nous recevions Charlot en cadeau (eh oui, un cadeau !), un magnifique petit bichon maltais comme elle de huit mois et demi qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, qui nous câlina aussitôt en nous voyant comme s’il revenait enfin chez lui et qui avait exactement les mêmes habitudes qu’elle !

Charlot est du signe du Gémeau, un signe double.

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