CONFIDENCES – MA VIE AUPRÈS D’ANDRÉ MOREAU

Extrait de mon roman Le Mirage corse, à paraître…

Un soir, assez tard, nous revenions de St-Sauveur où Moreau avait donné une conférence et nous ramenions Marie-Claude chez elle, sa compagne journaliste, quand notre philosophe bien-aimé nous demanda si, avant d’aller nous coucher, il nous plairait de terminer la soirée ensemble au lit.

Surprises d’une telle proposition, Marie-Claude et moi nous sommes regardées un peu étonnées, puis, d’un commun accord, avec la certitude que l’une avait autant de pratique que l’autre à ce niveau (contrairement à la réalité que nous ignorions !), nous l’avons acceptée. Je n’avais encore jamais eu de relations sexuelles avec une femme, et il en était de même pour Marie-Claude… en dépit de nos airs de femme délurée. En fait, c’était davantage par curiosité et par amour pour Moreau que par un désir éperdu de nous frotter l’une contre l’autre que nous avons consenti à cette offre.

Sûrement nerveuse sans le laisser paraître, comme je l’étais extrêmement moi-même, Marie-Claude a eu la bonne idée de nous servir un saké bien chaud avant de commencer la partie, histoire de nous détendre. Mais bientôt Moreau, stimulé par notre excitation croissante, nous entraîna vers la chambre à coucher. Là, lentement, maladroitement, Marie-Claude et moi avons commencé à nous déshabiller devant lui, nous trémoussant d’une manière lascive et d’un air coquin pour dissimuler notre gêne, tout en déboutonnant sa chemise.

Marie-Claude est une femme sérieuse et réfléchie, réservée en public. Elle est portée à rire, bien sûr, mais jamais sans élégance ni retenue. Malgré sa gentillesse et ses prévenances à mon égard, peut-être est-ce ce côté un peu trop rationnel chez elle qui m’intimidait un peu. Cependant, Moreau avait tout compris d’avance : il me sait aventureuse et joueuse, tout comme Marie-Claude qui ne donne jamais sa place malgré son air sage !

Aussi, nous empoignant chacune par la main, il nous a amenées vers le lit et s’y est étendu en nous invitant à le suivre. Amusées, quoique toutes deux un peu mal à l’aise, nous nous sommes exécutées et avons commencé à le caresser et à le manipuler à tour de rôle. Toutefois, très bientôt, la proximité de nos corps qui se frôlaient, la sensualité qui se dégageait de nos audaces érotiques et les regards que nous échangions nous incitèrent à poser des gestes plus hardis. Nos baisers se sont mis dès lors à se multiplier, à se dispenser plus généreusement, si bien que Marie-Claude et moi en vînmes à nous caresser les seins. Me regardant agir dans cette situation pour le moins nouvelle et tout à fait inconnue pour moi, c’est avec délices que j’ai pu constater que la peau veloutée de Marie-Claude ainsi que la rondeur de ses seins m’étaient très agréables à toucher.

Moreau, bien qu’il eût vécu cette expérience plus d’une fois dans sa vie et souvent avec plus de deux femmes à la fois, n’en savourait pas moins la scène. Tandis qu’il nous enlaçait de ses mains douces et nous étreignait avec affection, j’ai osé (l’avouerais-je?) goûter au sexe chaud de Marie-Claude, et elle au mien. Inutile de dire que la première fois qu’une telle chose nous arrive, tous nos sens sont en éveil ! Pleinement consciente de l’intensité du moment et de l’enchantement que l’offrande de la chair d’autrui peut nous procurer, je me suis sentie vivre au maximum, pétiller, comme si j’avais été enflammée et que toutes les cellules de mon corps s’embrasaient ! Sans doute en a-t-il été de même pour Marie-Claude, parce que je me rappelle qu’elle y a pris un grand plaisir.

Notre amoureux, entièrement présent à chacune, nous a fait l’amour sans qu’aucune ne souffre de jalousie. Au contraire ! J’irais même jusqu’à dire que le fait de voir notre homme se complaire dans les bras d’une autre nous excitait et nous rapprochait davantage, Marie-Claude et moi. En fait, je crois que jamais je n’ai apprécié cette fille autant que ce soir-là. Rieuses, complices, nous nous montrions chaleureuses et cajoleuses tout à la fois, bref nous étions suffisamment en symbiose l’une avec l’autre pour partager le même homme.

Aussi, je peux le dire, ce fut là pour nous deux une expérience unique, une véritable initiation au niveau de l’ouverture à autrui et du partage entre gens amoureux !

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28 avril 2018 –

Pour moi qui avais toujours été une fille sage, ce genre d’expérience était tout un défi. Il nous a fallu du courage ce soir-là, à Marie-Claude et moi, pour accepter une aventure sexuelle à trois. Mais ce fut le début d’une grande libération intérieure qui m’aida à neutraliser toute forme de compétition avec les autres femmes, sachant qu’au fond elles me ressemblaient beaucoup et n’aspiraient comme moi qu’à l’éveil par le biais d’une sexualité libre et franche. 

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