_Qu’est-ce qui caractérise l’être? L’audace ! Il faut être audacieux pour penser à se constituer un être.

_D’après vous, que voulait dire Nietzsche quand il disait: «Il faut que je décroisse pour qu’il grandisse»? Il avait compris que chacun pouvait gravir son propre sommet et devenir un surhomme. Sa personne devait s’estomper pour que son être puisse grandir (Zarathoustra).

_Est-ce que l’immortalité pour vous est liée à la longévité? Absolument pas, ni à la célébrité ni à la popularité. L’immortalité implique au départ un désir profond de s’éveiller pour se réaliser. C’est un appel en nous à ce qui est plus fort que tout et qui  aboutit à une conversion en lumière ou à une ascension, sinon à un état suprême de bonheur permanant entretenu dans la clarté de l’être.

_Jésus disait: «Avant qu’Abraham ne fut, Je Suis». Qu’entendait-il par là? Que l’être, c’est le présent tout le temps!

_D’après vous, qui sont ceux dans l’Histoire qui ont tenté d’intervenir dans la vie de l’homme? Les sorciers, en intervenant entre l’homme et la nature. Les prêtres, en s’interposant entre l’homme et Dieu. Les psychologues et les psychiatres, en s’interposant entre l’homme et son inconscient (c’est-à-dire entre l’homme et lui-même, et c’est là que l’imposture éclate: l’homme n’a besoin ni d’intermédiaires ni de médiateurs). Ces trois recours à la transcendance ponctuent l’esclavage spirituel de l’homme. Il n’a besoin que de s’en remettre à son être profond.

_Quelle est la contrainte majeure de la volonté chez la plupart des êtres humains? La « nolonté » qui annule la volonté par une sorte d’autocensure inspirée du doute. C’est une façon de se mettre des bâtons dans les roues pour retarder le moment de la réalisation.

_Quels seraient dans le Christianisme et l’Hindouisme les facteurs de «nolonté»? La croyance au péché et au karma.

_Que pensez-vous de la croyance au péché? C’est la loi de celui qui y croit.

_Est-ce que le suicide est une question de courage ou de lâcheté? Il s’agit toujours de savoir : qui fait quoi ? Il est courageux chez le malade qui préfère en finir au plus vite avec sa maladie, désespéré chez celui qui ne voit plus aucune issue à sa vie et qui manque de ressources pour y faire face.

_Faites-vous une distinction entre le désespoir terrestre et le désespoir supraterrestre? Oui, le désespoir terrestre relève du premier niveau (loi de tout le monde), tandis que le désespoir supraterrestre est celui de quelqu’un qui refuse de se laisser abuser par les vains espoirs.

_Aussi bien dire qu’il vaut mieux se suicider! Non, le désespoir supraterrestre ne mène pas au suicide, mais à la créativité. Avec lui, tout n’est pas fini: tout commence! C’est pourquoi Unamuno a pu dire que le désespoir est le maître de l’impossible.

_Qu’est-ce qui tue les gens sur cette planète? Leurs pensées de démission. La vie qui n’est pas empreinte de conscience ni encadrée par une métaphysique est vouée à l’échec. Et l’amour qui s’en inspire mène à la mort.

_Que voulez-vous dire quand vous déclarez que l’amour qui s’en inspire mène à la mort? L’amour est essentiellement associé à la vie, pas à l’être. C’est pourquoi j’ai dit: «Aimer peu, être beaucoup». L’amour-vie mène à la mort via la souffrance. C’est la loi de la crucifixion de la chair. Un tel vaudeville n’a plus l’heur de se maintenir dans l’être.

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