CONFIDENCES – MA VIE AUPRÈS D’ANDRÉ MOREAU

J’avais beau être privilégiée sur le plan physique, être en excellente santé, avoir un bon travail et des rentrées d’argent suffisantes pour me gâter comme je le souhaitais, je n’arrivais pas à être pleinement heureuse. L’impression de manquer de quelque chose, sans trop savoir quoi exactement, me hantait constamment.

Mes levers matinaux ne m’enchantaient pas toujours, soit que j’appréhendais une longue journée difficile au travail, même si mon emploi me plaisait bien, soit que l’idée de ‘’ travailler pour gagner ma vie ‘’ me donnait carrément l’impression de la perdre. Des périodes de dépression, plus ou moins longues, se succédaient entre mes moments de bien-être. En dépit de ce que l’existence m’avait offert sur un plateau d’argent, j’étais absolument incapable de déclarer avec enthousiasme que ma vie est belle.

Incapable aussi d’apprécier les multiples facettes de la nature à leur juste valeur, de m’extasier devant une fleur ou un nuage. Oh, la beauté m’émouvait certes, mais elle ne me rendait pas fondamentalement plus heureuse. Pas plus d’ailleurs que les petits bonheurs éphémères dont je jouissais pourtant bien souvent. La félicité, la plénitude du cœur m’étaient inconnues. En fait, c’était comme si le moindre petit aspect négatif de ma vie l’emportait toujours sur le positif. Je n’avais pas le bonheur facile comme on dit, contrairement à certains privilégiés pour qui la sérénité semble naturelle.

Mon mal existentiel, qui était en réalité un manque d’être, se faisait sentir régulièrement en moi comme pour me dire que mon envergure authentique aspirait à se déployer, sans que je ne puisse y parvenir ni comment. Je me rappelle très bien ces moments où je me disais que la vie n’avait aucun sens, la mienne encore moins, et où je me demandais même à quoi pouvait bien rimer cette existence basée sur le travail, le contrôle, le rendement, la compétition, sur des activités banales, des réunions d’amis dans les brasseries et des prises de position politiques. Les humains étaient bien pauvres finalement !

Mes moments de faiblesse, véritables aspirations au néant, faisaient chaque fois résonner en moi un signal d’alarme, comme pour me dire qu’il me fallait faire un saut dans le bonheur afin de pouvoir sortir de ce purgatoire que je m’étais façonné en pensée. C’est pourquoi, lorsque j’ai entendu André Moreau déclarer en conférence que la vie est belle, je me suis surprise à penser : ‘’ Cet homme-là ne me semble pas un adepte de la rigolade à bon marché, et pourtant il considère que la vie est belle ’’. Je le trouvai bien chanceux de pouvoir affirmer cela.

C’est ainsi que l’aura de clarté et de bonheur qui se dégageait de lui m’a attirée comme un aimant. « Moi aussi je veux être heureuse une bonne fois pour toutes ‘’, ai-je pensé. Après 38 ans d’existence, était-ce possible ? J’avais enfin le goût du bonheur !

‘’ Tu veux être heureuse ? répétait le philosophe. Change la fonction de tes yeux ! Continue de regarder ce que tu regardes normalement, mais vois les choses autrement : dans toute leur beauté, leur vérité, leur magie ! Fais exactement ce que tu faisais auparavant (ton travail, tes lectures, tes activités quotidiennes), mais fais-le différemment : avec ferveur, constance et enthousiasme ! Au lieu d’écouter distraitement les bruits qui te sont familiers, entends consciemment ce qui se dit autour de toi ! Rien n’est dans la matière, tout est dans la manière. Surtout, n’oublie pas que le bonheur résulte d’une décision ferme et sans condition. Tu veux être heureuse, en dépit de tout ce que tu vois ou entends, alors décide-le ! Ainsi ta vie va S’AJUSTER à la nouvelle perception que tu as d’elle.

Et c’est alors qu’avec beaucoup de conscience pour ne pas me faire rattraper par l’attrait du sombre néant dévastateur, j’ai enfin réussi à installer en moi l’image du paradis et à connaître un bonheur gratuit, vivifiant, nourrissant, permanent. Fini les pleurs, les tourments, les angoisses, les insécurités. Le bonheur exige de la force morale (vouloir à tout prix être bon et généreux envers soi !), et une fois qu’on le connaît enfin, il importe de l’armer afin que rien ni personne ne puisse le détruire.

Ce mot d’André Moreau est à méditer : ‘’ L’être n’est rien d’autre que notre propre  néant surmonté dans la joie.‘

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