CONFIDENCES – MA VIE AUPRÈS D’ANDRÉ MOREAU

« Vous, monsieur, votre vie ressemble à une énorme tempête », déclarait André Moreau à un homme au visage parcheminé venu l’entendre en conférence et qui lui avait demandé de lui faire une lecture. « Non d’une pipe, s’était exclamé le sujet, je m’appelle Storm !»

À un autre dont le sourire était éclatant, André lui avait dit qu’il devrait faire de la publicité pour annoncer des dentifrices. Renversé par cette déclaration, le jeune homme s’écria : « Vous ne le croirez jamais, monsieur Moreau, je suis un artiste, et je sors de ce pas d’un studio où j’ai participé à une publicité pour Pepsodent ! »

À un homme maigre au visage émacié : « Vous avez l’air d’un Saint- François souffrant » – « C’est un peu étonnant ce que vous me dites là, je suis un franciscain qui a passé 20 ans dans les ordres et je viens d’en sortir parce que je n’en pouvais plus ! »

Une femme très méprisante était dans la salle d’André et lui faisait des objections agressives constantes. Les gens qui l’avaient emmenée avec eux étaient honteux de son comportement. À la fin de la conférence, elle exigea avec acrimonie qu’il lui fasse une lecture de visage. Ce qui sortit de sa bouche ce soir-là l’a surpris lui-même. Il lui dit : « Madame, vous me faites penser à de la viande avariée. »  Sur le chemin du retour, les gens qui l’avaient emmenée continuaient de subir son acrimonie. Arrivés dans leur quartier de banlieue, ils eurent de la misère à s’approcher de sa maison, car il y avait beaucoup de policiers et de pompiers sur les lieux. Son mari venait de se pendre après avoir mis le feu à sa maison ! Elle se précipita alors dans le boisé, complètement hystérique, et on ne l’a vue réapparaître que plusieurs jours plus tard. À partir de ce moment-là, elle fut internée. C’est ce qu’André Moreau avait vu et cela s’était traduit par une image.

Il y avait dans ses salles un auditeur régulier qui lui demanda un jour de lui faire une lecture de visage. André lui dit : « Si vous achetez sans délai un billet de loterie, vous allez remporter le gros lot ». Il remporta effectivement le gros lot, mais c’était à l’époque où il fallait faire valider le billet qu’on venait d’acheter et il avait oublié de le faire. Il n’était donc pas éligible à ce montant faramineux qu’il venait de gagner. Six mois plus tard il mourut, victime d’une grosse dépression.

En 1971, une femme lui a dit qu’elle avait entendu un médium faire des lectures de visages en public et elle demanda à André s’il pouvait en faire autant. À la fin de sa conférence, il choisit 10 personnes dans la salle et leur demanda de venir le rejoindre en avant. La première d’entre elles était un homme assez grand dans la quarantaine. Il lui dit en regardant son visage : « Vous êtes extrêmement rigide, très à cheval sur les principes et vous vous croyez obligé de défendre la loi et l’ordre. » Estomaqué, l’homme en question s’exclama : « Est-ce que j’ai mon badge de policier inscrit en plein front ? »  André comprit alors qu’il savait lire les visages.

La femme du directeur de lycée où André enseignait à 22 ans pour gagner ses études à l’université venait d’ouvrir une galerie d’art. Lors du vernissage, le directeur du lycée demanda à André devant une toile exposée : « Que pensez-vous de cette peinture ? » Au lieu d’examiner la qualité du coup de pinceau du peintre, il se mit à parler de sa vie, de ses problèmes, de ses relations difficiles avec son père, etc. Le directeur s’exclama : « Vous le connaissez donc? » André lui dit que non, et comme le directeur le pressait de lui révéler comment il faisait pour connaître si bien ce peintre qu’il n’avait jamais rencontré, il fut obligé de nommer la technique qu’il utilisait. Il lui répondit : « C’est de la psychanalyse picturale. » Il venait d’inventer cette expression pour satisfaire son directeur !

Ce n’est que neuf années plus tard qu’il devait commencer à faire des lectures de visages dans des salles publiques. Il eut d’ailleurs, à ce titre, un illustre devancier, mais il faut remonter dans le temps, cinq cent ans en arrière à l’époque de la Renaissance italienne pour pouvoir identifier cet homme étonnant, nul autre que Léon-Baptiste Alberti.

Personnellement, j’ai vu André Moreau faire des dizaines, voire des centaines de lectures de visages à des gens qu’il ne connaissait pas. Chacun restait surpris, ébloui, stupéfié de constater qu’il pouvait ‘’ voir ’’ ce qui était caché.

André a toujours dit que dans la vie il fallait improviser et s’improviser. C’est ce qu’il a fait constamment avec une grande justesse.

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