Confidences – Ma vie auprès d’André Moreau

Journal 2008- Avril

Au cours de mes premières années passées auprès d’André Moreau, j’étais constamment étonnée de voir à quel point les gens étaient intrigués par sa personnalité. Partout où je l’accompagnais, dans quelque région que ce soit du Québec, on l’admirait et l’estimait. La plupart des gens ne comprenaient qu’en partie son enseignement, mais ils voyaient tout de même en lui un philosophe dont ils pouvaient tirer quelques bonnes suggestions pour leur mieux-être.

J’ai dû assister à plus de mille conférences qu’il prononça tantôt chez lui à Montréal, tantôt à Québec, Hull ou Trois-Rivières pour des groupes friands de sa pensée, ou alors pour des associations de toutes sortes : des compagnies, des entreprises diverses, des hôpitaux, des mouvements sociaux, et ce dans tous les coins du Québec où on l’invitait à parler. Sans assouvir ma soif de comprendre, je le suivais partout ! C’est ainsi que je pus découvrir qu’en aucun moment il n’avait recours à des notes ou à une préparation quelconque avant de livrer une conférence qui durait parfois trois heures.

Il improvisait !

C’était comme s’il puisait à la source même des connaissances. Il se les appropriait, et alors aucune limite ne s’imposait à lui. Qui plus est, en aucun temps je ne l’entendis prononcer la même conférence deux fois. Chacune d’elles était colorée d’anecdotes différentes, de remarques appropriées à l’auditoire et d’explications originales concernant certains principes jovialistes. Il enrichissait ses propos de citations historiques, philosophiques, mystiques ou littéraires, toutes relatées avec une précision remarquable. Souvent il rendait hommage par la même occasion à un homme d’esprit avec lequel il désirait nous familiariser, puisqu’il en profitait pour nous rendre accessible l’essentiel de sa vie et nous faire comprendre à quelles sources il s’abreuvait. Ses talents de conteur n’avaient d’égale que la pertinence de ses citations. À travers l’énoncé des différentes doctrines qu’il exposait tout en les complétant par ses commentaires personnels inspirés de son propre système de pensée, j’appris ainsi à connaître les grands philosophes de l’humanité. Je compris que la tradition n’avait aucun secret pour lui. Aucun !

Toujours dans le même ordre d’idées, quelle n’était pas ma stupéfaction lorsque, devant des situations qui pour d’autres auraient pu être fort embarrassantes, je constatais sa tranquillité d’esprit. Que ce soit lors d’une émission de radio ou de télévision, au cours d’une conférence publique qu’il donnait devant des centaines de personnes, parfois confronté à l’ironie et la mesquinerie de certains, jamais je ne l’ai vu nerveux, inquiet, troublé ou en proie à des sentiments d’insécurité. Cela me surprenait invariablement et, dans ces moments-là en particulier, je voyais combien une intense paix d’esprit l’habitait.

« Quand on se sent Dieu, me disait-il, les perturbations de la surface ne peuvent altérer le calme de notre océan profond. » Il en faisait la preuve. 

Et moi, à ses côtés, j’apprenais à laisser grandir mon être afin qu’un jour je puisse comme lui me reposer dans le sein bienheureux de ce dernier.

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